Bouboule (Geneviève Juttet, Mme Temporel) Paris, 4 août 1917 Parce qu'elle était plutôt boulotte, la petite Geneviève avait été surnommée Bouboule avant même d'entrer dans le monde du spectacle. Son père, « Charles, le coiffeur des vedettes », dirigeait un important salon rue de Clichy, dont la clientèle réunissait les artistes de l'Apollo et surtout du Casino de Paris voisins, Mistinguett en tête. Celle-ci prit Bouboule en affection au point de se considérer comme sa marraine et de l'emmener pour de longs séjours dans sa propriété de Bougival. Elle fit monter sur la scène du Casino cette enfant délurée, qui la parodia à la grande joie du public. Pour une revue également interprétée par Boucot. Elle n'avait pas 4 ans. « Je m'amusais bien, raconte-t-elle, et les spectateurs des premiers rangs me lançaient des bonbons. Ayant découvert cette enfant terrible, Louis Feuillade la plaça devant ses caméras une première fois en 1921 pour Parisette; expérience réussie : Bouboule avait de l'audace et de la présence, de l'aplomb et de la répartie. D'autres films suivirent. Les tournages conduisirent Bouboule (accompagné de sa maman qui figura parfois dans loi réalisations de Feuillade) à Nice, pour longs et fréquents séjours. "J'étudiai la danse avec Mme Santelly — qui avait été l'amie de Félix Faure. J'eus l'occasion de dansé au Casino de la Jetée... Feuillade m'appelait Ma Tioute. Il était très paternel, mais exigeant.» Au cours de ces tournages, Bouboule rencontra Alice Tissot qui fut plusieurs fois sa partenaire et devint pour elle comme une seconde mère. À partir de 1923 (Le Gamin Paris) Feuillade associa Bouboule à l'ex-Bout-de-Zan René Poyen, de huit ans plus âgé qu'elle. Adolescent, il forma avec la fillette espiègle un couple que le public jugea charmant, en particulier dans Pierrot Pirouette. Dans Lucette, Bouboule se montra particulièrement émouvante dans la scène clé la mort de son grand-père. Maurice Champreux prit la suite de son beau-père Louis Feuillade dans plusieurs réalisations. « Bouboule se perfectionne de jour en jour et a le mérite de garder le plus grand naturel », observa Pierre Autré après Bibi-la-Purée (La Cinématographie française, 6 février 1926). Encore quelques mois et, avec Le P'tit Parigot, Bouboule, en pleine célébrité, fit ses adieux aux caméras. « J'étais demi-pensionnaire à Sainte-Marie de Neuilly. C'est là qu'en 1929 je fis, discrètement, ma première communion. Après quoi mon ancien partenaire Biscot se fit photographier, avec moi en voile de communiante, sur les marches de la Madeleine. Il m'offrit une bague ornée d'un brillant. « Mon père était mort en 1928. Le cinéma ne me disait plus rien, je n'aimais pas être reconnue dans la rue et je répondais : " Bouboule ? C'est ma soeur." Je me trouvais beaucoup mieux en classe. Dans l'intérêt de mes études, ma mère m'envoya pensionnaire à Chimay, dans les Ardennes belges, dans un excellent collège tenu par des religieuses, où je restai sept ans, jusqu'à mon baccalauréat passé à Metz. Je n'avais plus du tout envie qu'on me parle de mes films. Je m'intéressais plutôt à Napoléon... » C'est en 1945 que Geneviève - ex-Bouboule épousa M. Temporel.